Lors du dernier Salon du Bourget, en juin, l’astronaute Thomas Pesquet donne une conférence sur son métier devant une foule compacte. Juliette Brenier, 18 ans, joue des coudes pour l’apercevoir. La jeune femme n’en est pas à sa première expédition au Salon international de l’aéronautique et de l’espace. Celle qui veut devenir astrophysicienne est inscrite en licence de « physique, chimie, astrophysique, météorologie et énergies renouvelables » à l’IUT de Tarbes (Hautes-Pyrénées).
C’est l’une des rares licences à proposer de l’astrophysique dès la deuxième année : la jeune fille a quitté la région parisienne pour suivre ce cursus. « J’adore l’espace depuis que je suis petite. Chaque découverte apporte de nouvelles questions », raconte l’étudiante, émue de voir Thomas Pesquet en chair et en os.
Alors que l’on célèbre cette année les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune, la conquête de l’espace fait toujours rêver les jeunes – et même peut-être encore plus qu’avant. Thomas Pesquet, mais aussi Elon Musk, le milliardaire emblématique du « New Space » – l’industrie spatiale privée, en plein essor –, sont les figures d’un nouvel engouement pour cet univers, que constatent les responsables de formations spécialisées. Le groupe ISAE, qui rassemble cinq grandes écoles en aéronautique et spatial, a vu son nombre de diplômés augmenter de 78 % depuis 2011. L’Estaca, une école d’ingénieurs située à Saint-Quentin en Yvelines et Laval, a doublé les effectifs de sa filière dédiée au spatial en quelques années.
L’attrait pour l’espace supplante celui pour les formations spécialisées d’ingénieurs. En 2015, Sciences Po Bordeaux a lancé, avec l’université et de grandes entreprises du secteur, une chaire « Défense et aérospatial » qui réunit chaque été une trentaine d’étudiants de toute la France pendant une semaine. L’école fait aussi partie, avec des écoles d’ingénieurs de la région, des membres fondateurs du nouveau Centre spatial universitaire (CSU) qui va ouvrir cet automne dans la capitale girondine, autour de l’accès à l’espace et des lanceurs.
Un terrain de jeu pédagogique
Depuis 2013, des centres spatiaux universitaires ont également ouvert à Montpellier, Toulouse, Grenoble, Paris et Nice. Ces structures font travailler ensemble, en lien avec le Centre national d’études spatiales (CNES), des étudiants, des chercheurs et des industriels sur des projets liés notamment aux nanosatellites. « L’espace n’est plus réservé à une élite, affirme Mathieu Barthélémy, le directeur du CSU de Grenoble. Aujourd’hui, le lancement de nanosatellites de la taille d’une brique de lait coûte un million d’euros, là où un satellite classique demande 250 millions d’euros d’investissements. Des PME et les universités peuvent se positionner. »
Il vous reste 60.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.